C’était un dernier jour avant les vacances, celles de la Toussaint. Celles qui arrivent trop tôt pour qu’on les aient attendues. Elles n’en sont finalement que meilleures. C’était un de ces jours légers où la salle de classe prend des airs de cours de récréation. Le programme se fait plus souple. Les professeurs, plus détendus. Ils fendent l’armure, répondent à des questions incongrues voire personnelles. Le chahut est joyeux.
L’impatience dans l’air le dispute aux rires. Les élèves sont là mais leur esprit est ailleurs. Le dernier jour de classe avant les vacances c’est ça. Samuel Paty a comme à son habitude blagué avec ses élèves, il leur a souhaité bonnes vacances, il leur a conseillé d’en profiter. Il en a peut-être pris un à part pour l’inciter à travailler un point du programme, histoire de rattraper un retard. C’était le dernier jour avant les vacances.
Depuis l’odieux attentat perpétré vendredi contre Samuel Paty, professeur d’histoire au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, nous sommes tous plongés dans l’effroi. Pour beaucoup d’entre nous, ce fut l’occasion de se replonger dans sa propre scolarité. Nous avons tous repensé à nos professeurs et à notre Monsieur Paty à nous.
Parce qu’on a tous dans notre parcours scolaire un professeur qui a compté.
Un professeur qu’on se réjouissait de retrouver le mercredi de 11h à 12h et qui rendait l’emploi du temps du jour plus léger.
Un professeur qui a su nous transmettre le goût d’un savoir.
Un professeur qui a ancré en nous l’envie d’apprendre.
Un professeur qui nous a transmis la volonté de se dépasser.
Un professeur qui a fait germer l’esprit critique, la nécessité d’interroger et de questionner le monde.
Un professeur qui a su voir en nous des capacités et des aptitudes que nous ne soupçonnions pas.
Un professeur qui faisait le lien avec les autres professeurs, le monde des adultes.
On a tous connu un Monsieur Paty. Un professeur qui nous a fait comprendre que la connaissance est la première arme pour se trouver, comprendre le monde, y trouver sa place et finalement être heureux.
C’est le paradoxe de ces professeurs qui nous donnent les clés pour se passer d’eux, on ne les oublie jamais. Leur souvenir reste gravé en nous.
Samuel Paty faisait partie de ceux-là.
Ses élèves ne l’oublieront jamais.
Nous aussi, nous ne l’oublierons pas.
L’ECUJE rend hommage au professeur Samuel Paty, lâchement assassiné par un terroriste islamiste pour avoir sensibilisé ses élèves à la liberté d’expression et à l’esprit critique. Après l’effroi et la colère, il y’a les mots choisi par Virginie Guedj pour l’ECUJE…
#samuelpaty #CharlieHebdo
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